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Hors norme, Gargantuesque, Phénoménale, INTENSE comme le surnom de ce petit Bijou de l'Océan Indien : l'île Bourbon, l'île Intense 💥.
Mon 1er Ultra 100miles (160km) et pas des moindres (technicité du parcours usant, variations températures pouvant aller du négatif à 35 degrés en quelques km et en quelques minutes/heures).
Départ vague 2 sur 5 (à 10 points ITRA près j'étais sur la première vague, ouf...) qui m'a totalement satisfait, pour prendre un départ plutôt prudent (dans les 700/800ème).

Compte rendu :
- Jeudi 21/10, 19h, H-2... Le Bus me dépose à la gare routière de St Pierre, je rejoins et remonte le front de mer sur le Boulevard de la Ravine Blanche. Un monde Phénoménale se masse (On stoppe TOUT, c'est le GRAND RAID) , les rues sont barrées, les chaînes de télévision sont présentes. Je prends encore plus conscience que je ne vais pas participer à une simple course de Trail de montagne (sans rien retirer aux autres courses et organisations en général ô combien satisfaisantes, bienveillantes et aux petits oignons pour leurs coureurs).
- 21h départ de la 1ère vague et des Élites, la vague 2 s'approche à son tour de la ligne de départ. Je me retrouve sans le savoir à côté des grilles réservées à l'ouverture du Sas, résultat je suis quasi tout à l'avant de ce peloton de 500 raideurs.
- A 2 min du départ, la speaker Ludovic COLLET (la voix du Trail) fait monter la pression en demandant le lancement de la musique officielle du Grand Raid. La TV nous filme. On y est, j'ai la chair de poule, je sens venir une petite larmichette.
- 21h10 : 5,4,3,2...1, C'est partiiii. Une foule Immense est sur le bord de la route, des flambeaux sont également déployés le long de la route sur les premiers mètres. C'est Fou !
- Les 3,5 premiers kilomètres se déroulent sur le front de mer, je suis placé sur le côté gauche de la route, les gens (notamment les enfants) tendent les bras, je leur tape dans les mains, ils sont si heureux (et moi également par la même occasion). Le dossard positionné sur l'avant, les gens scandent mon prénom (et ceux des autres coureurs) et m'encourage avec force et gentillesse. J'essaie de ne pas me laisser griser niveau allure, cela va être long, dur, mais inoubliable... Je garde en tête que je suis là pour passer la ligne d'arrivée au Stade de la Redoute à St Denis.
- Jusqu'au 1er ravitaillement du 14ème kilomètre à Domaine Vidot, tout se passe bien, le dénivelé est encore largement gérable, je suis pointé 546ème.
- La pente se raidit un peu plus fortement jusqu'à Notre Dame de la Paix (km 25), je suis bien (même si j'arrive à légèrement me tordre la cheville...la gauche bien évidemment 🙄), je ne force pas trop, pointage 493ème en 3h33.
- Nous arrivons sur les hauteurs au parking Nez de Bœufs (km 39) et avons déjà 2440m de dénivelé positif dans les pattes. Le volcan est à quelques encablures mais nous n'y passons pas. Les jambes vont bien mais il fait froid, le ravitaillement sera donc express, j'en profite pour mettre un manches longues + veste coupe-vent.
- Pour me réchauffer, je prends la tête d'un petit groupe sur la descente vers Mare à Boue (km 49) en y mettant un peu d'intensité, mais pas trop. Je suis toujours aux alentours de la 500ème place, ce qui me convient. Il reste 110km, tout le monde à l'air bien, mais cela ne va pas durer très longtemps.
- la montée vers le rempart du Coteau Kerveguen (et son magnifique levé de Soleil 🌞) fait grimper le cumul de Dénivelé à 3300m, et la descente très technique et abrupte sur Cilaos se passe du "Feu de Dieu" (je prends le sillage d'une descendeuse bien connue sur le secteur et me retrouve ni une ni deux à la première Base vie du km66), je suis 385ème. Ai-je fait une bêtise à descendre aussi fort en pleine course sur un Ultra, l'avenir nous le dira, mais il est certain que les Quadris sont bien plus solides qu'avant et que j'ai énormément gagné sur la pause des pieds.
- 35min sur la Base vie de Cilaos me permettant à la fois de me doucher (glacée par contre 😅), de me changer intégralement (même les chaussures) et de manger un bout.
- Direction le Taibit (sentier/montée mythique du parcours ), mais c'était sans compter sur la partie d'approche devenue très pénible par les premières grosses chaleurs de la journée 🔥.
Je constate que plusieurs coureurs avec qui j'étais précédemment ne parlent plus trop, voir décroche de mon sillage, nous sommes au km73 et 346ème au pointage.
- La montée du Taibit se passe plutôt bien, voir très bien (en 1h30 environ), probablement grâce aux bons nombres de coins ombragés + 2 "Tisanes Ascenseur" (bien connues sur le secteur). Petites photos là-haut pour prendre le Cirque de Cilaos d'un Côté, et le Cirque de Mafate de l'autre. Nous entrons au Paradis, mais également en Enfer.
La descente sur Marla se fait seul mais de nouveau sur un gros rythme. Je double du monde, je suis 309ème. Oui maintenant je me dis que je suis "barge", km73 et plus de 4600m de D+ cumulé.
- En repartant de Marla je rencontre un réunionnais très sympathique, qui en est à sa huitième Diag, autant dire qu'il connaît les lieux. Je me mets dans son sillage pour la montée du Col des Bœufs, il avance fort ! Je passe dans le TOP 300 (280ème exactement à la Plaine des Merles), mais je sens des petites contractures en particulier sur les mollets. Je me les fais masser un bon 10 min dans l'espace prévu à cet effet à l'abri du vent (cela avait bien fonctionné au GRP TDL 80 fin Août ), en plus il faisait bien froid (gros brouillard). Pendant le massage je constate que je suis quasi sur les mêmes bases que le GRP Tour des Lacs (distance, dénivelé et surtout TEMPS 😱)... Oui oui, "Barge" 🤪.
- La longue descente du Sentier Scout, puis Ilet à Bourse se passe bien, mais je sens un début de lassitude... Nous sommes au km96, et je ne sais pas encore que je vais prendre une claque monumentale physiquement et mentalement pour les heures à venir...
- Les nombreuses petites montées cassantes tout comme les descentes finissent de m'achever à Grand Place les Bas. Je perds quelques places (anecdotiques) en repassant 299ème, mais surtout la montée abrupte de la Roche Ancrée (en direction de Roche Plate) est imminente, et je n'ai plus rien dans les chaussettes, il reste 60km ! Autant dire : Gros moment de solitude 🙏. J'appelle ma petite femme, je lui explique, elle m'écoute et m'indique avoir toute confiance en moi (merci ❤️).
Je tente 2 minutes de dormir, impossible, trop de bruit, pas envie !
- Les 20km suivants, je mange mon pain noir, un vrai chemin de croix. Je suis très lent (un pied devant l'autre à 2 à l'heure) et surtout je ne cours plus...même trottiner est devenu trop compliqué, mais je finirai... Quoiqu'il en coûte.
- Les montées et descentes Ilet des Orangers et sentiers menant à Deux Bras (deuxième Base vie) sont un supplice, et pourtant le Cumul de dénivelé est relativement faible avec seulement 600mD+ sur 14km. Pourtant je mange, je bois (les urines sont claires).
- Arrivé à la Base vie de Deux Bras, j'ai froid, il est 1h47 du matin et il reste environ encore un marathon à faire avec plus de 2500m de D+. Les bâches par terre pour les coureurs voulant dormir ne me donnent pas envie de m'y mettre, d'autant plus que je sais d'avance que je ne dormirai pas.
Je me change intégralement (lentement), je demande à l'une des kiné de me faire un long massage des mollets, mais surtout des cuisses (les massages sont douloureux, très douloureux même), je repars de la tente médicale en boitant. Petit repas, puis direction le MUR de DOS D'ANE (permettant de sortir de Mafate). Ma montre vibre, je viens de faire mon dernier kilomètre (base vie comprise, en 1h14 !). Je suis 293ème, hé oui nous sommes très nombreux à ne pas emmener large 😅.
- Le début de la montée de Dos d'Ane te met dans l'ambiance tout de suite (échelle, corde, quasi escalade...nous sommes bien dans un mur), mes muscles se sont réchauffés, je ne boite plus, sur les portions de replat et de légères descentes (oui le sentier Dos d'Ane est en palier) je trottine et me sens même étonnement frais !
Je décide donc de me tester sur ce mur d'à peine 5km et de 730m de D+. Je double pas mal de monde et l'avale en un peu plus d'une heure. Arrivé en haut je me sens frais, je suis repassé 267ème et constate que courir me fait du bien, km127 (il en reste en théorie 33). Tant mieux, les deux descentes Chemins Kala et surtout Ratineau vont être longues et deux gars relativement frais sont "chaud patate" !
A ce stade Je commence clairement à me retrouver dans un univers où le classement compte vraiment. L'espace d'un instant, j'ai eu une sensation d'être un peu un imposteur parmi de bons voir très bons trailer, de gros descendeurs, et des expérimentés qui connaissaient pour beaucoup les spécificités et difficultés du parcours. Entouré exclusivement de "vague 1" une question m'est venue en tête : "Que fais-je là ? Suis-je vraiment à ma place ?". Réponse instantanée : "Si tu es là, ce n'est pas un hasard, surtout pas sur ce type de course et après autant d'heures, Go continue, crois en toi, va chercher le Sub 40H".
- Nous arrivons à la Possession au petit matin, la frontale est rangée, il reste seulement (ou encore) 21km, la descente a été très longue et technique, demandant une concentration permanente. Mes yeux commencent à légèrement picoter par moments. Dénivelé positif à venir pour boucler cette Diag : 1300m !
Il est 6h53, le soleil n'a pas encore commencé son travail de sape, le fameux Chemin des Anglais est en face de moi : Feu ! pas de temps à perdre.
- La première partie du Chemin des Anglais se passe bien, je n'ai pas trop de douleurs et il me reste du jus, l'arrêt à la Grande Chaloupe sera donc bref. Je suis 222ème, il reste 15 bornes et 800m D+, mais je ne suis qu'à 35h05 de course ! Le Sub 40h me tend les bras et m'incite à garder cette dynamique 🤗.
- La deuxième partie du Chemin des Anglais devient plus compliquée car le soleil commence à bien agir sur l'organisme, et pourtant il n'est même pas 8h30 du matin ! Tout comme la montée du Colorado (la dernière) qui n'est certes pas longue, mais se complique sous forte chaleur.
- Dernière descente très technique de 5,5km, assez abominable car pas un coin d'ombre pour éviter de rôtir sur place ! Je compose avec une bonne contracture en haut du mollet gauche (qui a pointé le bout de son nez 10/15 min avant) en trouvant un rythme régulier avec un autre gars dans mon sillage. À 2km du but, nous commençons à entendre les cris des gens, la musique d'ambiance, le Speaker. Le sourire apparaît automatiquement. Allé on reste concentré encore un peu et on va pouvoir lâcher prise, savourer.
- Fin de la descente, je suis seul, les gens m'applaudissent, scandent mon prénom, me félicitent, me tutoient, je suis heureux, Zen. Vais-je pleurer ? Il fait horriblement chaud 🔥, mais je m'en fous royalement après tout ce que je viens de vivre pendant près de 40H. Je rentre dans le stade, ça y est je foule la terre rouge, la terre sainte de La Redoute ! J'embrasse le portique d'arrivée et passe la ligne sous les yeux de ma famille restée en métropole, grâce au Live Streaming. Ça y est je suis un Fou, "j'ai Survécu", Je t'Aime DIAG.

Les mots me manquent pour pouvoir retranscrire tous les sentiments par lesquels je suis passé. Tout est démesuré et fort.

Un mot sur le Résultat (même si cela reste finalement secondaire) : Finisher en 38h14min pour une 217ème place (59ème catégorie M0H) sur 2419 partants (1 775 finishers et 644 abandons, soit 26,62%).

Je tenais vraiment à remercier TOUT le monde du fond du cœur 🤗🥰 ! J'ai reçu des dizaines et des dizaines et des dizaines de messages, appels, etc... Je répondrai et remercierai chacun au plus vite.

Place à la récup !"

Merci Jérémy pour ton compte rendu tout y est, ainsi que pour la photo. J'ai juste mis à jour les stats finishers/abandons pourcentage.

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